dimanche 2 mars 2014

L'interview de Marie Caron


Bonjour et merci d'accepter de répondre à ces quelques questions
Bonjour Virginie, c'est moi qui te remercie. Je suis très heureuse de pouvoir donner cette interview. :)

Comment as-tu commencé à écrire ? Qui te lisait au début ?
Je ne pense pas que je puisse réellement parler de commencement. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant : « J'ai envie d'écrire ! ». Nous naissons tous avec les mêmes capacités mais ne sommes pas destinés à exploiter ces dernières de la même manière.
Le chromosome « écriture » m'a construite. Je suis née avec, il fait partie de ma carte génétique, c'est mon ADN, et m'a destinéàêtre la femme que je suis aujourd'hui. Mais puisqu'effectivement, il y a un début à tout, alors je dirais que j'ai réellement commencé à écrire en 2009 quand j'ai mis sur pied mon premier projet romanesque « Couleur Émeraude ». Tout ce que j'ai pu coucher sur papier avant, journaux, textes courts, n'a plus la moindre importance aujourd'hui, même si je me dois d'admettre que ces écrits ont défini une période de ma vie.
Pour ce qui est d'écrire, et bien, je pense qu'il y a toujours une raison qui définit ce que nous sommes et ce que nous faisons. (En clair, on n'échappe pas à son destin ;) ) L'inconscient collectif a tendance à croire qu'écrire est un hobby. Non, pas du tout. Écrire, pour de vrai, quand on veut vraiment le faire, se lancer dans ce métier, devenir romancier, il faut savoir à quoi on se prépare. Écrire c'est du stress, de la sueur, des sacrifices, des journées qu'on ne voit pas passer, des nuits blanches, où même pendant le sommeil, l'esprit continue de cogiter. Écrire, c'est comme un potager, ça se cultive. J'ai d'ailleurs une petite anecdote tout à fait charmante à ce sujet : un de mes amis, journaliste de métier, avait un projet d'écriture vraiment très sérieux qui ne demandait qu'à fleurir. Un jour, alors qu'on prenait le café, il m'a dit : « […] mais, écrire, c'est de la pure investigation, un vrai taf de journaliste ! Je n'aurais jamais pensé qu'il aurait fallu passer autant de temps à faire des recherches pour écrire un roman ! ». Et, c'est là, je crois, qu'il a vraiment réalisé l'ampleur du travail que m'avait demandé« Couleur Emeraude » à l'époque. Mais, écrire, c'est ça. C'est passer 80% de son temps à faire des recherches pour donner une certaine crédibilité à l'histoire qui va arriver devant les yeux des lecteurs. L'écriture, pour moi, c'est plus qu'une passion, c'est une religion. Et dans la religion, notre âme est à nu, on ne triche pas.
Les personnes qui me lisent sont ma famille et mes meilleurs amis. Mais je suis aussi entourée de professionnels. Avec le temps, ils ont développé un regard beaucoup plus objectif et critique à l'égard de mon travail. Je ne suis plus celle qu'ils soutenaient au début. Ils n'hésitent plus à me dire comment eux voient les choses de leur point de vue, comment je suis supposée appréhender la description de tel ou tel chapitre, etc... Et ça, ça compte beaucoup pour moi parce qu'ils sont en quelque sorte « les yeux du public ». Donc, s'ils me disent « Non, Marie, là, tu fais fausse route... », et bien, je fais demi-tour et j'essaie de prendre le bon chemin. Avant, je faisais cette erreur de leur faire lire dans l'immédiat ce que j'avais fait, même si la suite de l'histoire n'avait pas encore été couchée. J'étais impatiente et pressée. Puis, j'ai appris à me tempérer, à devenir plus sage. Et là, depuis que j'ai entamé l'écriture d'autres romans, je me suis aperçue que j'étais devenue plus pudique sur ce que je faisais, que je prenais mon temps pour m'imprégner.

Quel est ton genre favori ?
Je voue un véritable culte, une adoration sans faille et une réelle fascination pour tout ce qui ne s'explique pas, qui échappe à nos yeux de chair, à notre compréhension, à notre rationalité. Le monde dans lequel nous vivons, le seul que nous connaissons, n'est pas forcément défini par A+B et c'est ça qui me plaît : être incapable d'expliquer l'inexplicable et pouvoir imaginer l'impensable. Écrire sur des légendes urbaines, des mythes, l'ésotérisme, la sorcellerie, ça fait froid dans le dos, dérange et attire les plus curieux qui osent abandonner leur entendement. Quand j'étais gamine, la bibliothèque que mon père m'avait construite était remplie de la collection « Chair de poule ». Et avec le recul, je pense qu'inconsciemment, cette série fantastique a dûm'influencer pour les écritures de « Couleur Émeraude ». Comme l'a dit Cindy Gandon sur son blog littéraire « Steam Book » au sujet du roman : « […] si vous lisez quelques passages alors qu'il fait nuit, vous pourriez avoir peur de lever les yeux des mots que vous venez de découvrir ! » Et elle a raison ! À travers mes mots, mes écrits, mes histoires, j'aime cette idée de pouvoir effrayer le lecteur, lui foutre la trouille, alors que moi-même je suis une grande trouillarde ! Sinon, je me suis récemment découvert un « like » pour la romance érotisée et les drames. Mais, en vieillissant, j'espère découvrir d'autres mondes. En attendant, je vais là où me guide l'inspiration.

Quel est ton processus créatif ?
Avant toute chose, quand je me lance dans un projet littéraire : éviter que ça fasse « bordel »et de noyer le lecteur en balançant trop d'informations. Je fais référence au premier passage de « Couleur Émeraude » où je mettais en avant, de manière très brève, les deux générations qui avaient précédé Joseph Cohen. (cf. : première édition du roman datant de mars 2012). En fait, je ne crois pas que ce soit la généalogie intensive qui a perturbé certains lecteurs mais l'utilisation des noms peu communs des personnages. Ceux qui ont lu le livre se sont littéralement perdus dedans. Je peux le comprendre, si je n'avais pas écrit le livre, je me serais sans doute sentie perdue moi aussi. Ensuite, je plante le décor, n'hésite pas à fournir un maximum de détails sur les descriptions qui campent en extérieur. Là aussi je me réfère aux avis des lecteurs. Dans les nombreux messages que je continue de recevoir au sujet de « Couleur Émeraude », il y a un point qui revient souvent : le roman manque, sur certains passages, cruellement de détails. Et je le sais. Mais quand j'ai écrit « Couleur Émeraude », je ne voulais pas submergé le lectorat d'accessoires qu'il aurait pu qualifier de « futilités ». Seulement, ces futilités, l'auteur en a besoin pour nourrir son histoire et ça, je l'apprends avec le métier. Enfin, une fois que le décor est planté, je fais entrer mes acteurs, avec leurs personnalités, leurs passifs, tout ce à quoi ils aspirent puis place à l'intrigue avec un dénouement heureux ou pas. En bref, une recette incontestablement suivie par tous les auteurs.

Qu’arrive-t-il avant que tu ne t’asseyes à écrire ?
Je fais le vide autour de moi et met en « turn off » tout ce qui est susceptible de nuire à ma concentration pour pouvoir me lancer à corps/âme perdu(e) dans mon/mes histoire(s).

À quelle personne es-tu le plus à l’aise : à la première ou à la troisième ?
Écrire à la première ou à la troisième personne ne demande pas le même investissement. Mes émotions ne seront pas les mêmes si j'écris avec « je » plutôt qu'avec « il/elle ». Je sais par expérience que je ne pourrais pas m'empêcher de m'identifier au personnage si j'utilise « je » alors que j'aurais plus de recul et un regard de « spectatrice » si j'emploie « il/elle ». Je n'ai pas de préférence pour l'emploi mais je mets un point d'honneur àfaire en sorte que le lecteur soit propulsé dans le roman comme s'il regardait un film au cinéma. Il doit croire àl'histoire, c'est primordial, même si c'est une fiction.

Quels écrivains admires-tu le plus ?
Admirer... c'est un bien grand mot. :) Je n'admire qu'une seule personne dans le monde de la littérature : Alice Sebold. Cette femme, écorchée par la vie, a, d'une certaine façon, changé le cours de mon existence. Elle a trouvé le courage et la force de continuer à se battre alors qu'il lui ait arrivé les pires saloperies. Elle m'a inspirée et m'inspire encore. Mais disons qu'en fonction de mes humeurs, j'ai mes préférences de lectures. J'ai récemment terminé « De cœur inconnu » de Charlotte Valandrey, qui m'a beaucoup émue et m'a amenée àm'interroger sur les pouvoirs de la mémoire cellulaire. J'aime beaucoup quand un auteur bouscule mon esprit et ce que je pense savoir sur le monde. Je me remets souvent en question et ai un esprit vraiment très ouvert, mais là, j'ai vraiment été scotchée. D'autant plus que le domaine de la réincarnation est souvent évoqué dans les lignes écrites par Charlotte et c'est quelque chose qui me passionne depuis toujours. Il m'est également arrivé de lire les écrits de Jennifer E.Smith. Son innocence me touche beaucoup, notamment dans « Les probabilités statistiques de l'amour au premier regard »oùje me suis vite attachée àl'héroïne et à son parcours entre les USA et l'Angleterre. Ma curiosité m'a également portée à découvrir Agnès Martin-Lugand. Je viens tout juste d'entamer son roman « Les gens heureux lisent et boivent du café » et je dois reconnaître que ce qui est dit sur la toile est vrai : on plonge tout de suite dans l'histoire et les émotions sont souvent abordées avec un langage cru, c'est franc et direct. On sent vraiment la souffrance de cette femme, Diane. Jusqu'à maintenant, je suis séduite, j'attends de lire la suite.

Qu’est-ce qui rend crédible un personnage ? Comment crées-tu les tiens ?
Au plus mes personnages ressembleront aux gens de la vie de tous les jours au plus ils seront crédibles. Je crée les miens en m'inspirant justement de vraies personnes qui m'entourent. Je les écoute, les observe, et après je les façonne pour en faire les héros de mes romans.

Au plus profond de ta motivation, pour qui écris-tu ?
J'écris pour tous ceux qui me survivront. Tous ceux qui croient en l'existence des chimères, qui ont besoin de rêver à travers les mots.

Les avis (négatifs ou positifs) des lecteurs te servent-ils ?
Je vais reprendre la citation de Léon Zitrone : « Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi. » Une critique positive sur son travail donne toujours entière satisfaction et on se sent pousser des ailes en se disant qu'on a accompli quelque chose de bien, qui plaît. Seulement voilà, quand on choisit d'exposer son travail au public (toute forme d'art confondue, film, musique, roman, sculpture, peinture...) en matière de critique, il faut aussi savoir faire face à des commentaires qui sont parfois un peu crus. Les auteurs qui ont un caractère entier, un tempérament extrême et qui ne savent pas trouver leur juste milieu, en bref, qui ont du mal à faire face à la critique, si elle est mauvaise, vont se sentir blessés et de se demander si finalement il ne vaut mieux pas abandonner. Un roman, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, je suis d'accord, mais qu'on dise pourquoi et qu'on ne vous casse pas les reins en disant juste « C'est nul. » Oui, bien entendu que les avis des lecteurs me servent. J'ai besoin de leurs avis, c'est important pour moi. Et c'est grâce aux lecteurs que je peux continuer à me construire. J'essaie de rester proche d'eux, de les emmener avec moi dans cette aventure. Pour moi, ce contact est très important. Je suis donc très contente d'avoir une page Facebook qui me permet de pouvoir leur parler directement.

Partages-tu tes projets d’écriture avec une personne de confiance afin d’avoir son opinion ?
Comme je le disais plus haut en réponse dans la première question, oui, et je dirais même que c'est primordial. En effectuant un travail tel qu'écrire un roman, il faut être conseillé, corrigé, dire ce qui ne fonctionne pas. Sinon, comment évoluer ?

T’imposes-tu une discipline, en termes de calendrier, d’objectifs ?
Oui car je travaille avec le Studio Ehmnesia (cf. : c'est le studio qui créé les couvertures des romans de l'auteur) et c'est important de pouvoir respecter les dates de publications (sinon, bonjour les débordements !). Mais je ne cache pas qu'il est parfois difficile de s'y tenir ! :)

De quoi t’entoures-tu quand tu écris pour favoriser ta concentration ?
D'encens au bois de Santal, d'une brique de nectar de pêche et de nourriture sucrée et salée.

Écris-tu sur écran, imprimes-tu souvent, corriges-tu sur papier ? Quel processus suis-tu ?
J'écris sur écrans, oui. Je mets un « s » à écrans car j'ai plusieurs supports informatiques sur lesquels je travaille, notamment une tablette. Je n'imprime jamais, encore moins pour procéder aux corrections. Ces dernières sont directement apportées sous formes d'annotations sur les fichiers informatiques que j'envoie à mon équipe de correcteurs. Il n'y a que des avantages à procéder de cette façon. Déjà il y a un vrai gain de temps (faire défiler la souris c'est bien plus rapide que de tourner des quantités de feuilles volantes) et ensuite, pour se repérer dans le roman, mon équipe a mis en place un procédé de code couleur (par exemple le rouge est utilisé pour des fautes d'orthographe, le vert pour la grammaire, le bleu quand une phrase est mal tournée et que l'idée première qui est supposée s'en véhiculer n'y est pas... etc.).

Quelle a été ton expérience avec les maisons d’édition ?
Je suis un auteur indépendant. Je l'ai toujours été et je le resterai. Je tiens à ma liberté artistique. Aussi longtemps que je ferais ce métier, je travaillerais pour moi et moi seule. Ma sueur, mes nuits blanches, mes journées sous la pluie à construire mes histoires ne reviennent qu'à moi. Je n'ai de compte à rendre à personne hormis moi-même. Ce que je fais, je le fais pour ceux qui aiment/veulent/désirent me lire/découvrir et me soutenir. Je ne le fais pas au nom d'un bonnet avec qui je dois partager des bénéfices; respecter un planning éditorial non-désiré et sortir je-ne-sais combien de bouquins par an juste pour affirmer que l'action marketing a été accomplie. On dit souvent que le show-business c'est un monde infesté de « requins ». C'est pareil dans le monde de l'édition. Je vis pour l'écriture, je m'investis pour l'écriture. Je vais jusqu'au bout de mes projets, je les emmène le plus loin possible. Je crois en ce que je fais (maintenant, parce qu'avant je doutais beaucoup), je me bats pour ce que je fais. Et ça, je pense que les lecteurs le ressentent. Ma récompense, ce n'est pas de signer avec un éditeur (je sais maintenant pour avoir lu tous les contrats que j'ai pu avoir sous les yeux que je ne serais jamais intéressée pour une signature), ma récompense, ce sont les lecteurs.

Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
En ce moment, je termine l'écriture d'un roman que j'ai commencé à écrire il y a un peu plus de six mois et que j'aimerai publier cet hiver : « Maintenant et à travers les temps ». Je frise les 300 pages à l'heure où je rédige cette réponse. C'est, en termes de quantité, le roman le plus épais que j'ai écrit jusqu'à maintenant. Ce livre, cette histoire, c'est quelque chose que j'avais envie d'écrire depuis longtemps, mais je ne m'étais pas encore donné les moyens de le faire. J'ai mis toutes mes émotions dans ces lignes. Dernièrement, je me suis heurtée à une question importante : est-ce que c'est la vie qui abîme l'amour ou l'amour a-t-il vraiment une fin ? C'est la question qui m'a poussé à écrire ce livre. Dans mon entourage, quand j'ai posé cette interrogation, les réponses variaient selon le degré émotionnel impliqué (relations amoureuses). Mais, tout le monde était d'accord pour dire que c'était la vie qui abîmait l'amour et donc, de ce fait, l'amour avait une fin. Pour ma part, j'ai essayé de répondre à cette question à travers les traits d'un personnage qui vit dans ce bouquin : Antoine Morel, un brillant chirurgien échoué à l'hôpital Saint-Gabriel. Quand le roman sortira, j'aimerais connaître les réponses des lecteurs à cette question. J'espère qu'ils n'hésiteront pas à m'en faire part. Je compte vraiment sur eux.
Enfin, quand « Maintenant et àtravers les temps » sera publié, toute mon attention sera de nouveau portée sur « River Thames ». Cette suite de « Couleur Émeraude » est vraiment très attendue par les lecteurs qui ont suivi les premières aventures de Benjamin McTyler. Si je travaille sur ce nouveau tome aujourd'hui, je le dois aux lecteurs et uniquement aux lecteurs. Je n'en reviens toujours pas qu'ils aient désiré une suite ! C'est juste génial ! Et ils ne le savent peut-être pas mais ils me mettent une pression énorme ! Alors j'espère que je ne les décevrai pas et que ce prochain opus les séduira autant que le premier. En attendant, j'espère qu'ils sont heureux de découvrir mes autres univers.

Le dernier mot est pour toi...
Heureuse. Je suis heureuse. Je me sens en paix. Et c'est à vous, lecteurs, que je le dois. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout le soutien que vous m'apportez et le temps que vous prenez pour m'écrire.

Merci de t’être livrée à moi et aux lecteurs (acquis ou en devenir)


Où trouver l'auteur ?
Son site web
https://www.facebook.com/Marie.Caron.Ecrivain

Par e-mail : mariecaron85@gmail.com

Où se procurer "Couleur Émeraude" ?
Bookelis
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Où se procurer "Un été sauvage" ?
Bookelis
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Où se procurer "Maintenant et à travers les temps" ?
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