dimanche 2 mars 2014

L'interview de Pierre Thiry


Bonjour et merci d’accepter de répondre à ces quelques questions
Merci à toi de prendre le temps de me les poser !

Comment as-tu commencé à écrire ? Qui te lisait au début ?
J'ai commencé à écrire très vite. Dès que j'ai commencé à apprendre à le faire. Vers sept ans. Je commençais à lire, et j'aimais beaucoup. On m'avait appris à écrire. Il me paraissait logique d'inventer à mon tour mes propres histoires. Concocter à mon tour des histoires aussi savoureuses que celles dont je me délectais. J'ai donc écrit... D'abord pour moi... Car bizarrement, la première phrase que j'ai tracé sur le papier personne n'a voulu la publier ! Je crains même que personne n'ait même réussi à la lire... Alors j'ai décidé d'écrire pour m'exercer, m'entraîner... J'ai eu la chance de naître dans une famille de musiciens, il me paraissait normal d'assouplir mon écriture comme le pianiste travaille inlassablement ses doigtés, ses phrases musicales.

Quel est ton genre favori ?
Je lis beaucoup, depuis longtemps : plusieurs livres par semaine, dans tous les genres, et pas uniquement dans le genre dit « littéraire ». L'histoire, la philosophie, la sociologie mais aussi et surtout les ouvrages de linguistique ou de sémiologie, et même les recettes de cuisine, me passionnent : de Georges Duby à Jules Verne ; de Roland Barthes à Laurent de Brunhoff ; de Ferdinand de Saussure à Madame de Lafayette ; d'Alexis de Tocqueville à Umberto Eco... Ma liste pourrait être longue et ennuyeuse... Je ne voudrais pas en la déballant que tes lecteurs quittent ton blog... Ce sont parfois les ouvrages les plus sérieux, et parfois les plus rébarbatifs qui peuvent m'inviter à écrire les choses les plus fantaisistes et les plus épicées. C'est en lisant « Le Traité de la ponctuation française » de Jacques Drillon que m'est venu l'idée de mon premier livre publié : « Ramsès au pays des points-virgules » ; fiction fantaisiste pour tous lecteurs de dix à cent dix ans. C'est en lisant la « Princesse de Clèves » de Madame de La Fayette que j'ai eu envie d'écrire « Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines ».

Quel est ton processus créatif ? Qu’arrive-t-il avant que tu ne t’asseyes à écrire ?
Pas grand chose. Je me mets à écrire dès que j'ai une idée. Elle ne me vient pas forcément au moment où j'ai la possibilité de m'asseoir pour écrire, au calme, chez moi à mon bureau, au mileu de mes livres. Cela peut me prendre n'importe où : en attendant l'autobus, en marchant dans la rue, dans une salle d'attente ; en observant une physionomie ; en lisant un livre, en écoutant une musique, en contemplant une peinture, en échangeant des sourires avec une personne sympathique... Les processus créatifs sont infinis, et les miens comme ceux des autres. Cette question du processus créatif est, du reste, au cœur de mon activité. J'anime régulièrement des ateliers d'écriture : en ce moment au Café Librairie Ici & ailleurs à Rouen. Un lieu qui offre des dégustations de thé, café, chocolats (de formidables invitations à écrire, à savourer ses inventions) et qui est aussi une librairie. Des ateliers d'écriture, je suis d'ailleurs prêt à en animer partout où l'on souhaite que j'en anime !

À quelle personne es-tu le plus à l’aise : à la première ou à la troisième personne ?
Pour répondre à des interviews je pratique la première personne. Pour mes écrits publiés, je me sers, en général, de la troisième personne. Mais il est rare que je n'utilise pas les autres : le vouvoiement, le tutoiement, sont passionnants à explorer. Je les pratique assez volontiers en ateliers d'écriture : ils invitent au dialogue, font varier les éclairages.

Quels écrivains admires-tu le plus ?
J'admire un très grand nombre d'écrivains !!! Il serait sans doute fastidieux de les citer tous. Dès lors que j'en approfondi la lecture : leurs textes m'enthousiasment, m'émerveillent. Ce sont d'ailleurs avant tout les textes que j'admire : le résultat de ce travail inifini qui ne se voit pas. Si je commence à citer des noms, ils seront liés à mes passions et à mon travail du moment. Il y a un ou deux ans j'aurais mis en tête de liste : Gustave Flaubert, c'était lui que je lisais alors avec une immense passion. Cette lecture a donné mon dernier livre : « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert ». Il y a une dizaine d'années j'aurais dit : Franz Kafka : je le lisais pour travailler mon allemand, en comparant les différentes traductions françaises avec le texte en V.O. J'ai également fait ce même travail avec un auteur anglais : Lawrence Sterne, l'auteur de « Vie et opinion de Tristram Shandy », un de mes coups de foudre littéraire. Il faudrait aussi que je cite Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire... Et puis des tas d'autres qui risquent de se vexer si j'oublie de les avoir à l'esprit (je pense à vous ! Pardonnez-moi si je ne vous cite pas)...

Qu’est-ce qui rend crédible un personnage ? Comment crées-tu les tiens ?
Je ne cherche absolument pas à rendre mes personnages « crédibles ». Ils sont au service des univers que je cherche à inventer. Dans « Ramsès au pays des points-virgules » un des personnages importants est Charles Hockolmess : c'est un chat qui passe sont temps à citer Jean de La Fontaine (en le détournant...). Ce personnage réapparaît dans « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert », dans ce nouveau livre, il ne se contente plus de passer son temps à citer La Fontaine. Comme il vit en France, à Rouen, il est attaché à son statut d'anglais exilé. Il a la nostalgie de Shakespeare... Dans « Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines » j'ai cherché d'abord et avant tout, à créer des personnages de contes, parfaitement invraisemblables... J'ai observé longuement, avec attention des lapins, j'ai essayé d'écouter leurs discussions, j'ai essayé de parler avec eux. Mais malgré tous mes efforts, cela n'a rien donné. Ce ne sont pas ces lapins qui m'ont aidé à rédiger mon conte.... Dans « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert » (mis à part le chat Charles Hockolmess) les personnages sont plus réalistes, romanesques, certains sont même des personnages réels, repassés au tamis de mon imagination.

Au plus profond de ta motivation, pour qui écris-tu ?
J’écris d'abord pour les personnes que j'aime le plus. Mais lorsque je me décide à publier, c'est alors à l'intention du plus grand nombre. Il faut que le texte puisse résister à cette mise à l'épreuve. Il faut qu'il puisse faire face aux éventuelles critiques de ceux qui ne l'aimeront pas. Ce sont des critiques inévitables. Il est impossible de plaire à tout le monde. J'écris donc aussi pour ceux qui n'aiment pas mes livres. 
Les avis (négatifs ou positifs) des lecteurs te servent-ils ?
J'accorde beaucoup d'importance aux avis de lecture sur ce que j'offre à lire. Peut-être même est-ce que j'écris uniquement pour cela. Et sur internet, c'est souvent l'occasion de dialogues forts passionnants, toujours enrichissants. Je ne dirais pas, en revanche que ces avis me « servent », ils ne sont j'espère, les « serviteurs » de personnes. C'est parce qu'ils sont libres qu'ils peuvent faire vivre le livre. Susciter une discussion autour d'un écrit est bien souvent une des plus belles invitations à le lire. Mon premier livre publié : « Ramsès au pays des points-virgules » a suscité des avis parfois contrastés, et c'est ce qui donne envie à ceux qui n'en avaient pas entendu parler de le lire. Du contraste des impressions de lecture naît souvent l'envie de se faire son opinion.

Partages-tu tes projets d’écriture avec une personne de confiance afin d’avoir son opinion ?
Dès lors que je décide de publier un texte, oui, il m'arrive de me faire relire (mais une fois que tout est fini). En général par plusieurs personnes dont je sais que les opinions seront divergentes, contrastées.

T’imposes-tu une discipline, en termes de calendrier, d’objectifs etc. ?
Ma discipline est d'abord d'écrire, le plus possible, mais sans objectifs précis : et surtout pas un objectif de publication ! J'ai besoin d'avoir l'esprit libre. J'ai très très longtemps écrit, en adorant le faire, tout en pensant que je ne publierai jamais. J'ai décidé un beau jour de publier des textes que je n'avais absolument pas destinés à l'être. Je crois que je continuerai à agir ainsi. La plupart de mes écrits n'ont pas vocation à être imprimés. Ils ont en revanche une importance capitale : celle d'assouplir mes gestes d'écriture. L'écriture est une danse, elle nécessite le même type de discipline. C'est un lent travail de maturation, d'observation, de lecture. Il peut parfois susciter le jaillissement de textes très rapidement écrits qui semblent sortir sans effort du stylo.

De quoi t’entoures-tu quand tu écris pour favoriser ta concentration ?
Un stylo, une feuille de papier, une lampe si cela est nécessaire....

Écris-tu sur écran, imprimes-tu souvent, corriges-tu sur papier...? Quel processus suis-tu ?
J'ai répondu à cette interview directement sur l'écran. Je ne l'ai pas corrigée sur le papier. Ce n'est en général pas cette procédure que j'applique, car c'est le meilleur moyen de produire une foule de coquilles savoureuses...

Quelle a été ton expérience avec les maisons d’édition ?
C'est une expérience qui ne se conjugue pas seulement au passé, mais aussi au présent, et j'espère aussi au futur. C'est parce-que j'ai soumis mes textes à des maisons d'édition que je me suis décidé à les publier. C'est parce-que j'ai eu des retours de lecture divers : favorables ou critiques (parfois, très critiques même) que j'ai eu envie de publier. J'ai aussi fait le choix de l'auto-publication, une liberté qui ne m'a pas fait renoncer à éditer, bien au contraire. Et j'espère bien que certains de mes projets à venir seront publiés.

Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
Je travaille actuellement sur trois ou quatre projets, simultanément. Des projets qui me font lire, écrire, rêver, dormir... Courir, sursauter, sourire... qui me font me passionner, m'enthousiasmer, vivre... Quels sont ces projets ? Que deviendront-ils ? Quand cesseront-ils d'être des projets pour devenir des livres imprimés ? Quelqu'un est-il en mesure de répondre à cette question ? Peut-être... Mais ce n'est pas forcément moi. Alors rendez-vous dans quelques années. Peut-être que l'on fabriquera encore des livres, peut-être qu'il y aura encore des éditeurs... Est-ce qu'internet existera toujours ? Ce n'est pas impossible, mais ce n'est pas certain... J'espère, quoiqu'il en soit, pouvoir continuer à inventer des textes que je partagerai avec mes amis, mais aussi des inconnus.

Le dernier mot est pour toi…
Ah ! Bon ?

Merci de t’être livré à moi et aux lecteurs (acquis ou en devenir)
« Livré » ? Ah fichtre... Je croyais que le dernier mot était pour moi ? D'ailleurs j'y songe (à propos de « livrer ») j'allais complètement oublier d'inviter chaleureusement toutes les lectrices et lecteurs de ton blog à commander et à se faire livrer, dans leurs librairies favorites : « Ramsès au pays des points-virgules », « Isidore Tiperanole et les trois lapins de de Montceau-les-Mines », mais aussi « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert ». Ce sont des livres que j'ai écrit, en espérant bien qu'ils feront (aussi) travailler les libraires.

Les livres de Pierre Thiry
Où trouver Pierre Thiry ?

Son site internet

https://www.facebook.com/pierre.thiry2
Viens rencontrer l'auteur par ici !
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