lundi 3 mars 2014

L'interview de Thiébault de Saint Amand


Bonjour et merci d’accepter de répondre à ces quelques questions
Bonjour, Virginie. C’est moi qui te remercie de m’ouvrir la porte de ton blog !

Comment as-tu commencé à écrire? Qui te lisait au début ?
Attends, je regarde sur le calendrier... Aujourd’hui, 30 octobre, cela fait 6 mois, 24 jours, 8 heures et quelques minutes. J’ai eu la chance de rencontrer d’abord mon épouse, puis Benoît de la Bourdonnaye. L’ordre est très important, car je ne sais pas si je me serais marié avec Benoît. Auparavant, il m’est arrivé de bloguer à part, d’écrire parfois du littéraire politique, deux genres qui ne vont pas toujours très bien ensemble d’ailleurs.

Quel est ton genre favori ?
Tout, pourvu qu’il y ait un trait d’esprit permanent et une histoire avec un début, un milieu et une fin.

Quel est ton processus créatif ? Qu’arrive-t-il avant que tu ne t’asseyes à écrire ?
Mazette ! Je n’en ai pas. Depuis toujours, je ne vois que le côté humoristique des situations. Quand une vieille dame glisse sur un trottoir, tu as généralement deux styles de public. Celui qui va s’apitoyer et courir à son secours, le plus nombreux. Celui qui va se marrer méchamment, le plus restreint. J’ai tendance à appartenir à la catégorie quasi-invisible de ceux qui se doutent bien qu’elle va réussir à faire annuler le départ de ses mômes en vacances, à déclencher une dépression chez sa petite voisine qui va vite devenir son larbin et à tuer son mari asthmatique à coup d’allers retours entre la buanderie du sous-sol et sa chambre de malade, au premier étage. Donc, avant de m’asseoir pour écrire, je te réponds de suite et tu me comprendras : je vérifie toujours que ma petite femme n’ait pas ôté la chaise. Je me méfie des vieilles en devenir.

À quelle personne es-tu le plus à l’aise : à la première ou à la troisième personne ?
Pour Mazelot, j’ai choisi la première personne du présent, en raison de la difficulté même que représentaient l’époque (les années 30) et le genre (argotique). Il me paraît essentiel que le lecteur s’approprie très vite le personnage en milieu hostile et musical (rires) ! Pour « les Dessous (en dentelle) de l’Élysée » et mes autres projets, je suis à la troisième personne, car nous sommes dans de la narration classique et très abordable.

Quels écrivains admires-tu le plus ?
Je ne saurais te les citer tous, tant ils sont nombreux, alors je préfère parler de leur ouvrage collectif. Comment ne pas admirer une équipe de rédaction qui a su composer un ensemble de textes, vendu à 25 millions d’exemplaires chaque année, traduit bientôt en plus de 1500 langues et dialectes, alors que le rédac’ chef n’a même pas rédigé lui-même une seule ligne ? La Bible reste pour moi le plus beau Pulp de l’Humanité. Ça, c’est une belle équipe et un esprit, comme aurait dit Coluche.

Qu’est-ce qui rend crédible un personnage ? Comment crées-tu les tiens ?
Il faut qu’ils aient les deux pieds dans le béton de la chape de l’histoire. Quand tu auras fini le roman, tu pourras oublier une scène, parfois une ambiance, mais jamais la tête des personnages. Ils doivent t’appartenir. Souvent, ce sont des flashes qui m’apparaissent, sous forme de détails capillaires ou de faciès disgracieux. J’adore les personnages moches et ayant des bleus à l’âme, ce sont les plus difficiles à faire aimer et ce sont pourtant ceux qui, assez souvent, génèrent le plus d’émotions chez le lecteur. Ça doit me venir de Walt Disney cette affaire-là !

Au plus profond de ta motivation, pour qui écris-tu ?
Vu le succès de mon premier roman, assurément, pour des gens qui ne me lisent pas (rires) ! Plus sérieusement, si un jour une personne me confie que je lui ai apporté un petit sourire dans une période pas forcément des plus faciles pour elle ou lui, j’en serais très satisfait et heu-reux !

Les avis (négatifs ou positifs) des lecteurs te servent-ils ?
Dans le genre sportif qui m’anime, à savoir la détente zygomatique des neurones cintrés, on navigue toujours dans les risques d’excès ou d’indigence. J’y suis sensible, mais je ne peux que très difficilement en tenir parfaitement compte, sans trahir mon insoumission au diktat du bon goût permanent et à l’autocensure qui accablent notre beau pays.

Partages-tu tes projets d’écriture avec une personne de confiance afin d’avoir son opinion ?
Mon épouse n’est jamais loin, parfois dans les grandes lignes, souvent dans le détail. Pour la série sur l’Élysée, c’est Laurent Bettoni qui a la primeur de mes délires. Ce n’est pas du fayotage auprès du créateur de la Pulp culture de la Bourdonnaye ou de son directeur littéraire, mais son professionnalisme est une énorme valeur ajoutée dans ce feuilleton maison.

T’imposes-tu une discipline, en termes de calendrier, d’objectifs etc. ?
Quand tu t’investis dans un projet du Club Pulp, tu es obligé de respecter les saisons avec des livraisons à date, c’est une question de respect du public et de ton éditeur ! Comme, en plus, je développe une autre série de formats plus longs avec Mazelot et un autre projet qui verra le jour en janvier 2014, forcément, je réponds oui. Mais ce n’est pas une discipline à proprement parler, car j’ai la chance de partir en direct au niveau de l’écriture, c’est un gain de temps phénoménal ! Cela me permet de proposer, en 2014, un épisode de mes deux séries en format plus long et les différentes saisons du feuilleton « Les Dessous (en dentelle) de l’Élysée ».

De quoi t’entoures-tu quand tu écris pour favoriser ta concentration ?
De moi-même et, mes proches te le confirmeront, je prends une place phénoménale !

Écris-tu sur écran, imprimes-tu souvent, corriges-tu sur papier...? Quel processus suis-tu ?
J’écris sur écran, c’est simple, on en trouve partout ou presque. Je démarre au début, j’arrête à la fin et je corrige au clavier, après de très nombreuses relectures ! Avant, je tapais mes textes au burin sur des gros galets, mais les voisins se plaignaient du bruit et ma fille est allergique à la poussière. Alors...

Quelle a été ton expérience avec les maisons d’édition ?
Benoît de la Bourdonnaye m’ayant gentiment invité à le rejoindre, je ne peux répondre que : «Bonne, ma capitaine !». Si le groupe Hachette m’invite à son tour, je viens te raconter, promis, chère Virginie.

Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
Comme dirait mon ami Coco, un grand voyageur, des dessous, on n’en a jamais trop ! En cette fin 2013, je vais donc filer la dentelle de la série Pulp. Au tout début 2014, je proposerai un épisode inédit de ma toute nouvelle série, « Puissance Vieille », qui se passe en maison de retraite, et dont la première histoire complète s’intitulera « Hospice and Love, pour l’éternité ! ». Bien entendu, Mazelot sera au rendez-vous, en musique et en argot, avec une nouvelle énigme, «Requiem pour une Lesbienne». Mon train se met en marche, tranquillement, sous différents labels d’expression.

Le dernier mot est pour toi…
Je suis gâté. Il y a encore un an, je ne pensais même pas écrire un livre et, aujourd’hui, je déborde de projets ! Sans compter un entourage très enthousiaste qui m’encourage à rencontrer les lecteurs dans leur diversité. Inconsciemment, quelque chose a dû se déclencher et je comble peut-être un retard qui vient de se révéler comme une évidence. À l’instar de toutes les rencontres exceptionnelles, cela aurait pu m’arriver dans bien d’autres domaines, où excellent des maîtres comme Cyril Lignac, Marc Dorcel... Benoît de la Bourdonnaye m’a donné la chance de découvrir une véritable passion qui ne fait pas grossir et où l’agilité de la plume permet de coucher des rêveries étoilées, enfin accessibles au plus grand nombre !

Merci de t’être livré à moi et aux lecteurs (acquis ou en devenir)
C’est moi qui te remercie, Virginie. Dis-moi, connaîtrais-tu personnellement Cyril Lignac ?

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