mercredi 22 avril 2015

L'interview de Gilles Milo-Vacéri


Bonjour et merci d’accepter de répondre à ces quelques questions

Comment as-tu commencé à écrire ? Qui te lisait au début ?
Comme tout le monde, avec du papier et un stylo ! Je plaisante, bien sûr. J’ai commencé vers l’âge de neuf ou dix ans et j’ai noirci des cahiers d’écolier, des feuilles volantes à n’en plus finir. Je ne conservais rien de tous ces essais qui à défaut d’être bien écrits, me servaient d’exutoire ou d’évasion. J’ai lu très tôt, très vite et je souhaitais avoir le talent de ces magiciens des mots qui me faisaient rêver.
Personne ne m’a lu à cette époque, c’était mon territoire exclusif et fermé, un endroit dans lequel je ne tolérais aucune intrusion. J’ai toujours écrit et finalement, ce n’est que depuis ces dernières années, après avoir fait le choix difficile de me faire éditer, que je partage mes textes avec mes lecteurs.
Quel est ton genre favori ?
Aucun, j’ai plusieurs cordes à mon arc. J’écris de l’érotisme, du polar, du thriller ou encore du roman d’aventure, sans oublier une pointe de fantastique, de temps en temps. Par contre, je conserve un fil rouge qui revient assez souvent et c’est l’Histoire, car je suis un passionné des temps révolus et de ce qui a fait de notre monde ce qu’il est aujourd’hui. Par exemple, vous retrouverez souvent les deux guerres mondiales dans mes intrigues et le XXe siècle, en général sans toutefois m’y cantonner puisque le moyen-âge, la Renaissance et d’autres périodes retiennent aussi mon attention.
Quel est ton processus créatif ? Qu’arrive-t-il avant que tu ne t’asseyes à écrire ?
J’ai la chance d’avoir des idées qui me viennent quasi naturellement, alors je trie celles que je compte écrire et j’écarte les autres. Autrement dit, je ne cherche pas une histoire, je mets en œuvre celle qui m’est venue à l’esprit. Ensuite, j’effectue un gros travail de recherche, car l’expérience m’a appris - et à mes dépens ! - que l’on ne peut pas tout écrire en se reposant uniquement sur ses propres connaissances. C’est donc, un travail minutieux qui me prend du temps, puis je crée ma timeline, mes personnages, mon synopsis personnel - que j’ai baptisé chapitrage - et après toute cette phase, j’écris. Ensuite, je ne perds plus de temps à chercher ou vérifier un détail, tout est clair dans ma tête. Mes fiches personnages sont très fouillées et m’évitent ainsi de nombreuses erreurs. Bref, c’est une organisation au millimètre qui ne souffre aucune approximation. Écrire est un métier, cela s’apprend et il faut beaucoup de temps pour en maîtriser tous les aspects.
À quelle personne es-tu le plus à l’aise : à la première ou à la troisième personne ?
Là, vous abordez les problèmes techniques de l’écriture et c’est très complexe. Pour ma part, je fais attention à mes points de vue, à la véracité des dialogues et à la crédibilité de l’ensemble. Je peux faire penser un personnage à la première personne, mais le narratif doit rester à la troisième personne, de façon impérative. J’évoque bien entendu les textes de fiction où l’identification du lecteur avec les personnages sera gage de réussite. L’usage de la première personne se réserve plus, à mon avis, aux textes biographiques, ce que je ne connais pas du tout et ne m’intéresse pas.
Pour ma part, je préfère amplement faire rêver mes lecteurs, les entraîner sur une pente glissante où peu à peu, ils s’identifient à mes personnages, laissant libre cours à leur imagination, tout en se demandant si le roman est bien une fiction.
Quels écrivains admires-tu le plus ?
Aïe ! Trop difficile et trop long de tous les citer. Je suis plus lettres classiques, je le reconnais aisément. Mais en partant de Victor Hugo, Verlaine, Molière, en passant par les grands philosophes, les aventuriers comme Hemingway, Kipling, Jules Verne, bref tous les grands noms de la littérature et si je ne devais en retenir qu’un seul, se serait Saint-Exupéry.
Qu’est-ce qui rend crédible un personnage ? Comment crées-tu les tiens ?
Les personnages rendent crédibles un récit et leur histoire crédibilise le roman dans sa globalité. Il faut apporter un soin très particulier à leur création. J’en parlais plus haut... Je crée sous Excel un dossier personnages et chacun à sa propre feuille. Tout y passe... Date de naissance - que je rapproche de la timeline de l’intrigue - le caractère physique et moral, les signes distinctifs, les véhicules, les adresses, etc. C’est long, mais quand je passe à la phase écriture, je n’ai plus à me casser la tête.
Ensuite, les lieux, les événements reçoivent aussi leur part d’investigations. Dans quasiment tous mes textes, vous retrouverez une part de réalité, en événements ou personnages ayant vraiment existé. Cela apporte la touche de crédibilité finale et, par exemple, une nouvelle érotique prendra une toute autre dimension avec la première guerre mondiale en trame de fond. Encore faut-il savoir quels étaient les sous-vêtements existants, les noms de journaux qui paraissaient en 1916 et ainsi de suite.
Au plus profond de ta motivation, pour qui écris-tu ?
En tout premier lieu, pour moi, bien sûr. Si je perdais ce côté passionnel de l’écriture, je serais alors incapable de raconter des histoires ayant le pouvoir de plaire à mes lecteurs car on l’oublie trop souvent, mais les lecteurs le sentent tout de suite. J’écris pour mon plaisir personnel, en tout premier lieu et ensuite pour une bonne raison.
J’aime faire rêver mes lecteurs et c’est là que je trouve ma plus grande motivation.
Les avis (négatifs ou positifs) des lecteurs te servent-ils ?
Je commence par faire la distinction entre les commentaires réels et ceux qui ne servent qu’à nuire. En écrivant et en étant lu, j’ai découvert que le monde de la littérature n’était pas le pays des bisounours, mais bien un endroit peuplé de requins, de piranhas et autres joyeusetés. Je viens d’ailleurs de rédiger un article sur mon blog officiel concernant les faux profils et les faux commentaires sur Amazon et consorts.
Ensuite, bien sûr que je prends énormément de plaisir à échanger avec mes lecteurs qui me posent des questions, m’apportent des précisions ou corrigent parfois même des erreurs historiques qui peuvent toujours m’échapper dans mes récits. Je reste ouvert au dialogue et je réponds toujours à mes lecteurs, j’y tiens tout particulièrement.
Enfin, toujours sur mon blog officiel, j’ai recensé tous les blogs littéraires qui me lisent et me chroniquent. Les auteurs oublient trop souvent de dire merci aux blogueuses qui prennent le temps de les lire puis de rédiger un commentaire de lecture. Eh bien sûr, je n’ai pas conservé que des critiques positives ! Bonnes ou moins bonnes, elles figurent sur mon blog tant que le commentaire reste objectif, sincère, argumenté et constructif. Ne jamais oublier que l’on ne peut pas plaire à tout le monde !
Partages-tu tes projets d’écriture avec une personne de confiance afin d’avoir son opinion ?
J’en parle avec mon amie, oui, quelquefois et principalement pour évoquer ma stratégie d’auteur, beaucoup plus que les textes en eux-mêmes. Quoi qu’il en soit l’écriture et donc la lecture qui en découle appartiennent résolument à la subjectivité. Prenez un texte et faites-le lire à dix personnes, vous aurez dix avis différents. Recommencez un mois plus tard et les avis divergeront encore, y compris pour un même lecteur, selon son état d’esprit du moment.
Par contre, quand on débute et je peux le dire pour l’avoir fait, c’est important de se faire relire par un tiers de confiance, oui, absolument !
T’imposes-tu une discipline, en termes de calendrier, d’objectifs etc. ?
C’est plus une stratégie qu’un réel calendrier. Je travaille avec plusieurs maisons d’édition et l’écriture ne se cantonne pas au talent. Sinon, cela se saurait, et depuis longtemps !
Il faut donc écrire, en maîtrisant aussi bien la technique que la typographie, par exemple, puis savoir présenter ses projets, jongler entre les maisons d’édition, s’adapter aux différentes lignes éditoriales, apprendre tous les jours, se remettre en question, cadrer ses objectifs avec ceux des éditeurs et en même temps, les mettre en adéquation avec les attentes du lectorat, respecter les deadlines, s’organiser pour chaque journée, veiller aux corrections, organiser les promotions comme une veille internet ou surveiller les réseaux sociaux, animer un blog et les pages officielles... Et j’en passe, croyez-moi !
Il n’y a pas de place pour la chance ou le hasard et les journées d’un auteur sont bien plus remplies que ce que l’on pourrait croire !
De quoi t’entoures-tu quand tu écris pour favoriser ta concentration ?
Essentiellement ? De silence et de ma tasse de café, avec un expresso, serré et non sucré. Voilà, tout est parfait et je peux écrire. Là, je ferme toutes les écoutilles et plus rien ne peut m’atteindre, je n’entends plus rien, je ne vois que les mots sur l’écran et je suis heureux.
Écris-tu sur écran, imprimes-tu souvent, corriges-tu sur papier...? Quel processus suis-tu ?
Un process éditorial normal et habituel, identique à toutes les maisons d’édition. Je rédige mon projet, je l’envoie et il me revient avec l’avis d’un comité de lecture et le commentaire d’une directrice éditoriale avec les passages à modifier, à ajouter ou retirer, etc. Quant à la correction, elle est assurée par des correcteurs professionnels, internes à l’éditeur.
Je travaille aussi avec des maisons moyennes et ce n’est pas pareil. On revient à un système plus habituel, texte standard en visuel sur Word, avec suivi des modifications en retour aux commentaires de l’éditeur mis en marge.
Je n’imprime pas et je ne corrige plus en papier. Par contre, en première phase de correction personnelle, avant d’envoyer le projet à l’éditeur, je soumets mes textes à un logiciel de correction orthographique professionnel, Cordial Pro pour ne pas le citer et comme pour tous ces logiciels, je garde la main.
Quelle a été ton expérience avec les maisons d’édition ?
Très difficile comme pour tous les auteurs qui souhaitent se professionnaliser. Et là, il n’y a qu’une solution pour s’en sortir : volonté et abnégation ! J’ai connu les escrocs qui essaiment internet, je suis tombé dans des panneaux pourtant bien visibles, j’ai fait des erreurs. Bref, le parcours habituel.
Cela dit, je refusais l’auto-édition et je ne voulais signer qu’à compte d’éditeur. Cela m’a pris une année entière et des échecs cuisants pour aboutir. Mais j’ai obtenu ce que je voulais et aujourd’hui, je ne travaille que dans ce cadre et avec plusieurs maisons.
Sur ce sujet, vous trouverez sur mon blog la méthode que je me suis appliqué. Ce n’est pas la meilleure, sans aucune garantie de réussite, mais cela pourra guider vos lecteurs s’ils souhaitent se lancer dans la grande aventure.
Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
Je n’évoquerai que la tendance et non mes projets d’écriture. Pour ces derniers, je n’en parle que lorsqu’ils sont signés et en passe d’être édités.
2015 sera une année importante pour moi et elle se présente tout d’abord comme un retour vers l’édition papier. Après quelques titres parus en numérique, on ne peut nier l’importance du support papier pour qu’un auteur atteigne une certaine notoriété et fidélise son lectorat.
Ensuite, j’ajoute la romance à mes autres genres littéraires. Après tout, appartenant déjà à l’écurie Harlequin, ce serait stupide de ma part de ne pas tenter ma chance dans ce domaine. Bien entendu, l’érotisme, les polars et thrillers resteront dans mon escarcelle car je ne compte pas renoncer à ces genres que j’affectionne tant et ce, depuis des années.
Le dernier mot est pour toi…
Eh bien merci Virginie pour cette interview à laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir à répondre. Je conclurai en disant que l’écriture demeure la plus belle des aventures et que c’est un travail réel, exigeant beaucoup, demandant des sacrifices et maintes heures de travail. Mais quand on aime, on ne compte pas et si l’on veut réussir, il n’y a aucune alternative.
Pour terminer, voici les adresses où vos lecteurs pourront suivre mes actualités et, pourquoi pas, échanger avec moi, s’ils le désirent.
Merci de t’être livré à moi et aux lecteurs (acquis ou en devenir) 

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