samedi 2 janvier 2016

L'interview de Matthieu Biasotto



Bonjour, c’est toujours un plaisir de pouvoir partager avec des passionnés de lecture. Tous horizons et toutes sensibilités confondus.
Mon coup de foudre avec l’écriture est assez récent. Fin 2013, je me suis prêté une première fois à l’exercice avec « Un jour d’Avance ». Et je suis tombé amoureux du processus. J’ai toujours créé. J’ai toujours eu besoin de le faire. Du graphisme à la peinture en passant par la photographie ou encore le tatouage… Je me suis essayé à différents supports (avec plus ou moins de succès). Depuis l’écriture… Tout a changé. Moi aussi, j’ai changé.
J’avais peu de lecteurs proches à mes débuts. Personne n’y croyait vraiment. Ma moitié s’est portée volontaire pour écouter mes différentes versions. Elle a dû supporter mes élans exaltés, mes nuits surexcitées et mes moments de doutes. Je lui ai fait la lecture au fur et à mesure de mon avancement, généralement le soir (et je le fais toujours).
J’aime le suspense sous toutes ses formes. Par essence, je me suis plongé dans le thriller haletant. C’est un genre dans lequel ma sensibilité peut s’exprimer naturellement. J’aime la vitesse et le rythme du thriller. J’aime le côté sombre de ce genre de fiction et ce moment où tout bascule. J’essaie d’y ajouter une note existentielle, qui reste généralement ma réflexion de fond. Le suspense dépasse le clivage des genres. Je pense que l’on peut explorer différents genres avec un suspense bien dosé : de la romance à l’humour en passant par la fantasy. La tension rend une histoire irrésistible.
Avant d’écrire….
Il n’y a rien de figé, mais généralement j’écoute un peu de musique. En fonction de l’humeur. Juste quelques minutes pour me mettre en conditions. Ça peut être du Slam avec un flot de punchlines inspirantes, du rock avec une énergie (ou une rage) qui colle à la scène que je désire travailler. Du hip-hop, ou des bandes-son de films. Tout dépend de l’effet recherché.
Je prends généralement plusieurs cafés, et je fume. Beaucoup. Je fume trop. J’associe (sans doute à tort) la clope à la créativité. Je réfléchis beaucoup en fumant, et j’ai l’impression que ma cigarette m’aide un peu dans ce que je fais.
Ensuite je m’isole. J’ai mon petit espace pour écrire. Je suis au calme. J’ai besoin d’être dans ma bulle, de préférence dans un silence enveloppant. J’ai un tableau blanc sur lequel je dépose mes notes, mes suggestions et les sujets brûlants que je dois traiter.
Les deux ont des avantages. J’ai tendance à privilégier la spontanéité qu’offre la première personne. C’est également très pratique pour manipuler le lecteur avec une expérience subjective de l’intrigue. La troisième personne offre une vision plus vaste. On peut jouer différemment.
Tous les auteurs qui parviennent à me faire vivre une expérience unique. La liste est longue. J’admire les maîtres du suspense. Et cette question me fait comprendre qu’il me reste beaucoup à accomplir ☺
Je crois qu’il faut le connaître. Le connaître vraiment. Pas seulement physiquement. Décrire un menton, une arête de nez comme-ci ou comme ça, la couleur des yeux…. Ça ne suffit généralement pas. J’aime savoir ce qu’il pense. Pourquoi il pense ainsi. Je me l’imagine en train de parler. Il faut essayer de l’envisager sous tous les angles (dans la mesure du possible.) Cette connaissance évite de s’emmêler les pinceaux. Ça permet d’avoir de l’épaisseur, des réactions « logiques » et des dialogues agréables.
Mes personnages sont des gens… Normaux. Des antihéros. J’aime lorsque l’histoire que je raconte peut arriver à presque n’importe qui. Je m’inspire de la vie en général. D’une personne que je croise, d’une discussion que j’entends. J’observe beaucoup.
Mes personnages ont tous un point commun : ils sont aussi une facette de moi. Je ne fais que déplacer le curseur pour en faire un trait de caractère principal. Je peux avoir le côté manipulateur de Rachel, je suis à fleur de peau comme Elise. Il m’arrive de toucher le fond comme Gabriel. Je peux être intrigant et complexe comme Raphaël. Astrid est en galère… Une période que j’ai connue aussi. L. Dattello est un peintre, il se trouve que je peins. Etc…
C’est l’occasion d’expérimenter plusieurs vies durant quelques chapitres.
Une seule réponse ne suffit pas pour cette question. Ça devient compliqué : p J’écris pour mes lecteurs. Pour être lu. Mais pas seulement. J’écris aussi pour moi. Les motivations profondes ? J’ai besoin d’être aimé. J’ai besoin d’exister. Je crois qu’on a tous besoin de reconnaissance toutes proportions gardées. J’ai envie de laisser une petite trace de mon passage dans cette vie. Je crois que l’écriture me permet de m’accrocher à l’enfant que je suis. J’aime penser que mes livres me permettent d’être relié à des personnes qui vont adhérer à mon univers. Il s’agit généralement de personnes qui ont la même sensibilité. Et par ce biais, j’imagine que ça me rassure de savoir que je ne suis pas seul. Mes lecteurs sont un peu des amis que je n’ai pas encore rencontré.
J’ai tendance à dire que tout doit servir. Mais derrière cette sage parole se cache une réalité dans laquelle je suis plus fébrile. Je ne consulte plus les avis sur Amazon car je n’ai pas le mental pour encaisser les mauvaises critiques. On peut dire qu’il y a des avis négatifs constructifs, mais dans les faits… Je constate que les commentaires négatifs sont souvent raides. Généralement j’ai une boule à la gorge et un malaise qui ne me quitte pas pendant 2 jours à la lecture d’une critique acerbe.
En revanche, il y a des tendances qui se dégagent. Une critique qui revient plusieurs fois cache une part de vérité (peut-être même LA vérité).
Par email ou en message privé, j’ai eu des conversations fabuleuses avec une véritable valeur ajoutée. C’est précieux, car les lecteurs ont généralement un œil aiguisé.
Les avis positifs sont à la fois un moteur puissant et une friandise. Le coup de cœur me donne une belle énergie pour avancer. C’est bon pour la confiance en soi. L’avis positif ou le petit mail agréable est une douceur qu’il faut savoir apprécier. J’imprime les avis et les e-mails les plus touchants. Je les conserve pour les relire lorsque je traverse des phases plus sombres. Je m’accroche à ses encouragements.
Ma moitié est au courant de tous les projets en cours et à venir. Elle est la première à découvrir le texte. Elle est la seule avec qui je remets en cause la structure, le rythme ou l’intrigue. Ensuite j’ai quelques proches (Aline, si tu me lis…) et des bêta lecteurs pour une version proche du texte définitif.
Oui. Je suis assez organisé et je m’impose un rythme soutenu pour l’instant. Surtout sur mon calendrier de publications. Il m’arrive parfois de lever le pied. J’essaie d’être de plus en plus à l’écoute de mon rythme naturel. Il y a des jours, je sais que je ne vais pas être productif : inutile d’insister. Il y a des soirs où je sens que j’ai besoin d’écrire, et généralement c’est très porteur.
Je m’entoure de silence. J’ai trois garçons et le silence est un luxe que je savoure J La machine à café est allumée et mes cigarettes ne sont jamais loin.
J’écris principalement sur écran. J’imprime plusieurs versions. Le squelette qui fait seulement une dizaine de pages. Ensuite, la version brute qui est le premier jet et enfin la version presque définitive pour les dernières relectures. Ensuite, je fais une relecture sur liseuse pour « redécouvrir » mon histoire avec un œil neuf.
J’ai une belle collection de lettres de refus comme beaucoup d’auteurs. J’avais envoyé mon premier roman, sans réelle conviction.
Je termine l’écriture d’un nouveau thriller : « Le Supplément d’Âme » qui doit sortir avant Noël. Voici l’idée en quelques lignes :
« Je ne me souviens de rien. J’ai tout oublié ou presque. Mon existence s’est arrêtée brutalement et la mort ne me veut pas. Je ne peux pas revenir. Je ne veux pas mourir. Pas pour l’instant. Pas avant que je ne comprenne ce que je suis. Ce que j’ai fait. Ce que mes proches ont comploté, dit ou pensé. Pas avant d’avoir saisi le sens de ma vie.
Je voudrais tout voir, tout comprendre, tout savoir. Avant que l’on vienne me débrancher. J’erre dans une expérience qui m’échappe. Je suis Thomas. Thomas Garnier, et la seule question qui me hante est : Vais-je pouvoir encaisser la vérité ? »
On reste en contact :)

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