mercredi 11 mai 2016

L'interview de Clélie Avit



C’est un immense plaisir !
J’ai commencé à écrire en novembre 2012, suite à un rêve fait une nuit. C’était une scène tirée d’un univers fantastique. Je trouvais qu’elle serait parfaite dans un livre. J’y avais mon héroïne, mon héros, leurs amis et leurs adversaires. J’ai laissé de côté pendant 3 jours et au bout de ces 3 jours, je n’ai plus tenu. J’ai attrapé l’ordinateur et me suis dit « Allez, tu l’écris, ton histoire ! » De jour en jour, la trame a pris forme, j’ai bien vu que la fameuse scène mettrait du temps avant d’arriver. Il fallait créer l’univers, introduire mes héros. Je découvrais l’écriture, je n’avais presque jamais écrit avant (seulement une fois à 12 ans et une autre fois à 17 ans, deux projets inachevés et abandonnés, mais c’était des « appels » de l’écriture, en quelques sortes). Pour l’anecdote, cette scène rêvée est aujourd’hui dans le tome 2 de ma saga fantastique (sortie prévue le 1er juin).
Quand j’ai achevé mon roman, je l’ai donné à lire à quelques personnes de mon entourage, puis j’ai élargi le cercle. Je cherchais à savoir si l’histoire plaisait, si le style convenait. J’ai beaucoup appris de leurs retours.
Mon genre littéraire favori reste indéniablement la littérature de l’imaginaire à tendance fantastique/fantasy, mais j’apprécie aussi beaucoup la dystopie que je dévore depuis récemment (ça reste de toute façon dans le domaine de l’imaginaire). En revanche, il y a un critère obligatoire dans toutes les histoires que je lis : il me faut une histoire d’amour, sinon, je m’ennuie ! Du coup, il m’arrive de temps à autres de lire des romances contemporaines pures, mais ce ne sont pas mes favorites.
Mon processus créatif est basé sur l’instinct, en tous cas en ce qui concerne la « première idée ». Cette idée me vient, parce que je suis tranquille, parce qu’un événement me marque, me frappe. Ensuite, je développe toutes les possibilités à partir de cette idée. Je ne crée pas de suite la trame, en réalité, je conçois l’univers. Ce processus prend du temps, il faut laisser les idées arriver, les peser les mesurer, juger de leur intérêt ou de leur efficacité. Les événements se mettent en place par la suite, lorsque j’écris.
Tout se fait généralement dans ma tête. Il m’arrive parfois de prendre des notes mais très rarement. Je n’aime pas traiter trop de sujets à la fois. Si j’ai une idée bien précise, je la conserve précieusement. Et si elle est importante, alors je ne l’oublierai pas. J’aime aussi me laisser de la liberté.
Je n’ai pas de préférence particulière. Mon premier roman édité « Je suis là » (éd. JC Lattès) est écrit à la première personne. Ma saga fantastique « Les Messagers des Vents » (Éd. Le Masque collection MsK) est écrite à la troisième. Tout dépend de l’objectif du livre, de la façon dont je compte suivre les personnages. Pour un livre d’action, je préfère la troisième personne, on a plus de distance, on navigue d’un personnage à un autre selon le rythme, le suspense. Pour une romance, la première personne est plus intéressante. On est sûr de savoir ce qui se passe dans la tête du héros ou de l’héroïne jusque dans les moindres détails !
Jusqu’à il y a quelques jours, j’aurais dit Terry Goodkind (L’épée de Vérité) et Robin Hobb (L’assassin royal). Aujourd’hui, je déclare James Dashner, parce que j’ai eu l’honneur de le rencontrer et d’échanger avec lui au cours d’une conférence commune. Ces trois auteurs écrivent dans un genre que j’aime beaucoup. Terry Goodkind et Robin Hobb m’ont fait découvrir la fantasy et le sens du travail riche et bien fait. Même si certains de leurs volumes m’ont parfois déçue, ils m’ont justement permis de découvrir ce qui ne plaisait pas (c’est toujours une excellente leçon). James Dashner, lui, m’a montré qu’un roman dystopique à la troisième personne pouvait être intéressant et surtout, il m’a montré comment un auteur devait se comporter. Ses talents en communication sont exceptionnels. Son rapport avec ses lecteurs est simplement époustouflant. J’espère en arriver là un jour.

Le personnage/héros principal est selon moi le point clé du roman. Finalement, l’univers autour peut être bringuebalant, si le personnage tient tout ça avec force, personne ne verra rien. Heureusement, les auteurs ne négligent pas leurs univers ! Pour moi, la crédibilité d’un personnage repose sur son caractère : quelque chose de standard, d’abord, quelque chose auquel les lecteurs puissent s’identifier, mais, très important, le personnage doit avoir quelque chose d’unique en plus. Le petit truc qui fera la différence. Chaque personnage doit être résumable en un seul mot. C’est comme ça que je crée les miens. Leur allure physique s’impose d’elle-même et ensuite, je cherche la personnalité que je souhaite leur donner. Un mot, rien qu’un seul. Heureusement, notre cerveau fait des prouesses, et ce mot se transforme en tout un tas de détails. Après, un personnage a le droit de changer, auquel cas la liste s’adapte et le mot aussi.
La réponse est dans les remerciements des « Messagers des Vents » ^^
Mais pour vous éviter d’aller chercher : pour les lecteurs, quels qu’ils soient. Ceux qui m’ont déjà lue, ceux qui ne me connaissent pas encore, ceux qui ont pu être déçu. Pour ceux aussi qui n’aiment pas la lecture ! Pourquoi ne pas en convaincre certains ? C’est donc pour eux et uniquement pour eux. Je pense que c’est le cas de beaucoup d’auteurs. Nous n’écrivons pas nos histoires pour les laisser dans un placard mais pour permettre aux lecteurs de rêver. Si en leur donnant mes histoires, je leur mets des étoiles dans les yeux, je fais accélérer leur rythme cardiaque, je les fais rire, crier ou pleurer, là, je peux dire que j’ai atteint mon but. Je veux que mes lecteurs aient l’occasion, pendant mes pages, de devenir quelqu’un d’autre, de s’envoler ailleurs, de vivre une autre histoire que la leur, même s’ils ne la regardent que de loin. Il y en a qui écrivent, il y en a qui lisent, les uns sans les autres n’existeraient pas. Je pense que ça résume assez bien.
Oh que oui ! J’apprécie recevoir les avis de toutes sortes. Les avis positifs sont, bien entendus, réconfortants, touchants et profondément gratifiants. Les avis négatifs sont utiles, à partir du moment où ils sont fondés. Cela permet d’adapter mon style. Comme je l’ai dit, j’écris pour mes lecteurs, pas pour moi. Alors il n’est pas non plus question d’écrire exactement ce qu’ils attendent, je me réserve le droit de les surprendre (chose que je prends même un malin plaisir à faire). C’est un peu le jeu du chat et de la souris.
Je partage, effectivement. J’ai deux personnes dont je suis très proche, deux conseillers personnels qui suivent mes moindres mouvements. Ma meilleure amie et un ami très cher rencontré par hasard par relations familiales. Si j’ai le moindre doute, ils reçoivent un message dans la minute qui suit. Ensuite, j’ai toute une équipe avec moi, environ 13 personnes (famille, ami, rencontres hasardeuses qui sont devenues amicales) qui m’épaulent, me soutiennent et me donnent leur avis lorsque j’ai fini un roman. Ils me servent de lecteurs-test. Les avis sont très souvent partagés, c’est une équipe variée qui, du coup, marche du tonnerre ! Je leur dois beaucoup. Je les ai même remerciés dans le premier tome des Messagers des Vents.
Je sais que les auteurs ne fonctionnent pas tous de la même façon mais pour ma part, je m’impose une discipline pour ce qui est du quotidien. Pour les objectifs à long terme, c’est mon calendrier annexe qui le décide (si j’ai des vacances ou du travail hors écriture) ou alors mon éditeur (si le livre sort le 1er juin, il va de soi qu’il y a une foule d’étapes à remplir avant !)
Pour les jours où je décide d’écrire, je m’auto-discipline à fond ! Je m’accorde cependant un droit : celui de ne pas écrire si je sens que la journée ne va pas être productive. Rien de pire que d’être frustrée au-dessus de son ordinateur ! C’est un feeling au réveil, en général. Aujourd’hui, j’écris, ou j’écris pas. Les « j’écris pas » sont rares, cependant. J’aime trop pour m’en priver !
De rien ! Comme je le dis souvent, je n’ai besoin que d’une prise de courant. Le calme aide beaucoup, j’aime travailler dans le silence Après, j’ai appris à travailler dans des endroits bruyants, à occulter tout ce qui se passait autour, mais ma concentration est différente, je n’écris pas la même chose. Les journées (ou les nuits) où j’écris le mieux, finalement, sont celles où je suis seule à la maison à osciller entre la bouilloire électrique, l’étagère à thé et mon ordinateur.

Comme cela a déjà pu être compris, je travaille sur écran. Pourquoi ? Parce que c’est plus rapide et qu’on peut corriger tellement plus facilement ! On a des logiciels au point sur le suivi des modifications lorsque je travaille avec mon éditeur. Je fais le maximum sur écran, puis arrive le moment où mon éditeur imprime ce qu’on appelle les « épreuves », une sorte de livre-test de basse qualité. Là, je travaille sur papier pour corriger les dernières fautes. On ne voit pas la même chose sur papier ou sur écran. Les deux supports sont complémentaires. Mais en ce qui concerne la création d’un roman, je ne jure que par l’informatique, surtout que, chaque jour, je relis ce que j’ai écrit la veille. J’ose à peine imaginer cette étape s’il fallait corriger à la gomme et au crayon, surtout que si j’étais pressée d’écrire le passage, ce serait illisible ! C’est vraiment mon argument principal : la rapidité. Quand une idée vient, je ne veux pas la laisser partir !
Cette question pourrait prendre des heures ! Disons simplement que j’ai découvert le monde de l’édition avec mon premier roman édité « Je suis là », le rôle de tous les employés, le processus de naissance d’un livre. J’ai eu la chance de pouvoir continuer l’aventure avec « Les Messagers des Vents ». Je suis très contente de cette maison d’édition française (les deux appartiennent au même groupe), certains interlocuteurs sont même devenus des amis.
J’ai aussi la chance d’avoir 24 autres éditeurs, un pour chaque pays dans lesquels mon premier roman est ou va être traduit. Là, les relations varient, mais une chose prime par-dessus tout : l’enthousiasme des personnes qui traitent avec moi. Ces gens sont passionnés par leur travail (vous n’en trouvez pas à chaque coin de rue, malheureusement) et ils font tout pour que chaque livre soit un succès.
Actuellement, je suis sur deux projets à la fois, mais ils se rejoignent : je finalise la sortie de « Sanctuaires », le tome 2 des « Messagers des Vents », dont la parution est prévue pour le 1er juin prochain. En même temps, je suis sur l’écriture du volume 3, prévu pour 2017. Les choses s’enchaînent à une vitesse folle !
Un dernier mot… ? Je dirais merci. Je ne cesse de le dire autour de moi, aux lecteurs, aux bloggueurs, aux journalistes. Merci de m’aider à faire vivre mes histoires car, comme je l’ai écrit dans mes remerciements, mes livres existent pour vous.

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